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creuse facilement des puits, et l’eau se présente en abondance à trois ou quatre pieds de profondeur. La nature n’en refuse pas jusqu’au bord de la mer et dans les lieux mêmes qu’elle inonde. Ces eaux sont froides le jour, particulièrement à midi, et la nuit fort chaudes.

Quoique les atollons soient séparés entre eux par des canaux, on n’en compte que quatre où les grands navires puissent passer, et le péril ne laisse pas d’y être extrême pour ceux qui n’en connaissent pas les écueils. Les habitans ont des cartes marines où les rochers et les basses sont exactement marqués. Ils se servent aussi de boussoles dans ces grands canaux. Le premier est au côté du nord, et ce fut à l’entrée que le vaisseau de Pyrard fit naufrage sur le banc de l’atollon de Malos-Madou. Le second est, entre Pouladou et Malé, d’environ sept lieues, et l’eau de la mer y paraît aussi noire que de l’encre, quoique puisée dans un vase, elle ne diffère pas de toute autre. On la voit continuellement bouillonner comme de l’eau qui serait sur le feu, et le mouvement des flots y étant ordinairement fort léger, ce spectacle cause une sorte d’horreur aux insulaires mêmes. Le troisième canal est au-delà de Malé, mais vers le sud. Le quatrième, qui est celui de Souadou, et qui n’a pas moins de vingt lieues de largeur, est directement sous la ligne. En général, le plus sûr de ces quatre passages a ses dangers ; aussi s’efforce-t-on de fuir les Maldives lorsqu’on n’y est pas appelé néces-