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HISTOIRE GÉNÉRALE


peu considérable, nous eût fort gênés durant le reste du voyage. Si le délai que nous mîmes à l’exécution de nos menaces affaiblit dans l’esprit des insulaires l’opinion qu’ils avaient de notre valeur, elle contribua du moins à disperser leurs guerriers ; car, voyant que nous demeurions dans l’inaction, des troupes considérables de ces guerriers regagnèrent les montagnes le même jour vers midi, après avoir sonné de leurs conques et nous avoir adressé beaucoup d’autres défis, eton ne les revit plus. La hardiesse et l’insolence de ceux qui restaient sur la côte ne diminuèrent point. L’un d’eux eut l’audace de venir à l’avant de la Résolution, à la portée du mousquet ; et quand il nous eut jeté plusieurs pierres, il agita sur sa tête le chapeau du capitaine Cook, tandis que ses compatriotes, postés sur la grève, triomphaient et encourageaient ses bravades. Ces insultes irritèrent notre équipage ; les matelots arrivèrent en corps sur le gaillard d’arrière, et ils nous prièrent de ne pas les obliger à souffrir plus long-temps des outrages si cruels ; ils s’adressèrent à moi pour obtenir du capitaine Clerke la permission de profiter de la première occasion favorable de venger la mort de leur commandant. Averti par moi de ce qui se passait, le capitaine Clerke ordonna de tirer quelques coups de canon au milieu des insulaires établis sur le rivage, et il promit à nos gens que, si nos travailleurs étaient insultés le lendemain à l’aiguade, on ne leur impose-