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HISTOIRE GÉNÉRALE

» Il nous pressa vivement le capitaine Clerke et moi d’aller à terre ; il accusa les autres chefs de retenir les corps de nos camarades, et il assura qu’une entrevue avec Terriobou réglerait tout à notre satisfaction ; mais sa conduite était trop suspecte pour que la prudence permît de l’écouter. En effet nous fûmes instruits, par la suite, d’un fait qui dévoila la fausseté de ses prétextes. On nous dit qu’immédiatement après l’action où le capitaine Cook fut tué, le vieux roi s’était retiré dans une caverne située au milieu de la partie escarpée de la montagne au-dessus de la baie, et à laquelle on ne peut arriver qu’avec des cordes ; qu’il y resta plusieurs jours, et qu’on lui envoya des vivres attachés à des cordes.

» Lorsque Koah descendit à terre, à son retour des vaisseaux, nous nous aperçûmes que ses compatriotes, qui s’étaient rassemblés sur la plage dès le point du jour, en troupe nombreuse, l’entourèrent avec empressement, comme pour savoir ce qu’il avait appris, et ce qu’il convenait de faire. Ils comptaient probablement sur l’exécution de nos menaces, et ils paraissaient bien déterminés à se défendre. Toute la matinée nous entendîmes le son des conques en différentes parties de la côte ; nous vîmes de nombreux détachemens qui traversaient les montagnes ; en un mot, les apparences étaient si alarmantes, que nous mîmes à la mer une ancre de toue, afin de pouvoir conduire les vaisseaux vis-à-vis de la bourgade, si l’on