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HISTOIRE GÉNÉRALE


des deux de nous conduire à la bourgade dès qu’il serait débarrassé d’un obstacle que nous ne remarquions pas. À l’instant où nous étions sortis du bois, un troupeau de buffles était accouru vers nous ; ces animaux, au nombre au moins de vingt, agitaient leur tête, reniflaient l’air, et poussaient des beuglemens horribles : ils nous avaient suivis jusqu’aux buttes, et ils eurent l’air de se ranger en bataille à peu de distance. Le vieillard nous avertit qu’il serait très-dangereux pour nous de changer de place avant qu’on les eût chassés dans les bois ; mais nos figures les avaient tellement irrités, qu’on eut beaucoup de peine et qu’il fallut bien du temps pour les écarter. Les deux hommes n’ayant pu en venir à bout, nous fûmes surpris de les voir appeler à leur secours de petits garçons qui écartèrent bientôt les buffles. Nous eûmes ensuite occasion d’observer qu’on emploie toujours de petits garçons pour conduire et assujettir ces animaux : ils en viennent à bout en passant une corde dans un trou qui perce les narines du buffle ; ils les frappent et ils les dirigent impunément, tandis que les hommes faits n’osent pas en approcher. Quand on nous eut délivrés des buffles, on nous conduisit à la bourgade, éloignée d’un mille ; le chemin était tracé au milieu d’un sable blanc très-profond. Elle est située près de la mer, au fond d’une baie profonde, qui doit contenir une rade sûre durant les moussons du sud-ouest.

» Vingt ou trente maisons bâties les unes près