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HISTOIRE GÉNÉRALE


cette espèce, il se regardait comme un agent, et ne songeait pas à ses intérêts. Il examina mes pelleteries avec beaucoup de soin, il les tourna et il les retourna, et finit par dire qu’elles ne valaient que trois cents piastres. D’après ce que nous les avions vendues au Kamtchatka, je sentis qu’il ne m’en offrait pas la moitié de leur valeur, et je me vis obligé d’employer toutes les petites ruses d’un homme qui veut bien vendre sa marchandise. Je lui en demandai mille piastres ; il m’en promit cinq cents ; il y ajouta ensuite un présent de porcelaine et de thé, de la valeur de cent piastres de plus : un moment après, il me proposa les cent piastres de prime en argent ; enfin il alla jusqu’à sept cents piastres ; sur quoi je lui dis que je les lui laisserais pour neuf cents ; alors nous déclarâmes l’un et l’autre que c’était notre dernier mot, et nous nous séparâmes ; mais il revint bientôt avec un état de marchandises du pays, qu’il voulait me fournir en échange : on m’avertit que ces marchandises auraient une valeur double de la somme qu’il m’avait offerte, s’il me les livrait loyalement, S’apercevant que je ne terminerais pas l’affaire de cette manière, il me représenta que nous disputions pour deux cents piastres, et qu’il m’en donnerait cent de plus. J’étais fatigué de la négociation, et je reçus les huit cents piastres.

» Je me portais assez mal ; je ne murmurai donc pas beaucoup contre la police des Chinois, qui resserre dans des bornes très-étroites