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HISTOIRE GÉNÉRALE

» Pouvant, à l’aide de notre interprète, converser avec les Russes avec assez de facilité nos premières questions eurent rapport aux moyens de nous procurer des vivres et des munitions navales ; nous manquions surtout des dernières, ce qui nous gênait fort depuis quelque temps. Il parut, d’après leurs réponses, que tout le pays des environs de la baie pourrait seulement nous fournir deux génisses, et le sergent s’empressa de nous les procurer. Nous nous adressâmes ensuite au marchand ; mais il voulut nous soumettre à des conditions si onéreuses, que le capitaine Clerke crut devoir envoyer un officier auprès du gouverneur, afin de savoir quel était le prix des munitions navales dans la capitale de la province. M. Port, instruit de cette résolution, dépécha un exprès au gouverneur pour l’informer de notre projet, et dissiper en même temps les soupçons qui restaient sur l’objet et le but de notre voyage.

» Le capitaine Clerke, ayant jugé à propos de me charger de cette commission, ordonna à M. Webber de m’accompagner en qualité d’interprète, et il fixa notre départ au lendemain. La journée du 5, et même celle du 6, furent trop orageuses pour commencer un voyage dans un pays si sauvage et si désert. Le temps parut plus favorable le 7, et nous nous embarquâmes de très-bonne heure sur les canots des vaisseaux : l’embouchure de l’Avatcha étant remplie de bas-fonds, nous voulions gagner l’entrée