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DES VOYAGES


regardés quelque temps avec beaucoup d’attention, et il reprit à la hâte le chemin de l’ostrog. Ce brusque départ nous surprit et nous affligea ; car nous commencions à trouver liotre course sur la glace très-difficile, et même dangereuse. À chaque pas, nous enfoncions dans la neige presque jusqu’au genou ; et quoique le fond fût assez solide, ne pouvant découvrir les parties faibles de la glace, nous courions risque à tous les momens de l’enfoncer et de tomber dans la mer. C’est ce qui m’arriva ; je voulus passer très-vite sur un endroit suspect, afin de le presser avec moins de force : avant de pouvoir m’arrêter, je me trouvai sur un autre aussi dangereux qui rompit sous moi, et je coulai bas. Par bonheur je me débarrassai de la glace, qui m’environnait, et l’un des matelots qui était à peu de distance me jeta une gaffe qu’il tenait : j’établis cette gaffe en travers de quelques glaçons flottans placés près de moi, et je vins à bout de me relever,

» À mesure que nous approchions de la côte, nous trouvions ; contre notre attente, la glace plus rompue qu’elle ne l’avait été auparavant. Nous eûmes cependant la satisfaction de voir un autre traîneau qui venait vers nous ; mais au lieu de voler à notre secours, le conducteur s’arrêta, et il se mit à nous faire des questions que nous ne comprenions pas. Je voulus lui jeter les lettres d’Ismyloff, et au lieu de les prendre, il s’en retourna à la hâte : je crois que les imprécations de ma petite troupe l’accom-