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HISTOIRE GÉNÉRALE


raît être sous la direction d’un homme et d’une femme auxquels les enfans obéissent, ainsi que dans les pays civilisés.

» Un fait dont nous fûmes témoins annonce que ces insulaires ne sont pas étrangers à la jalousie ; il montre d’ailleurs que non-seulement on exige de la fidélité, mais une certaine réserve, des femmes mariées aux grands chefs. Omiah quitta deux ou trois fois sa place au milieu de l’un des combats à coups de poings pour aller auprès de sa femme, le déplaisir peint sur le visage, et nous jugeâmes par ses gestes qu’il lui ordonnait de se retirer. Comme elle était très-belle, il pensa peut-être qu’elle attirait trop notre attention ; peut-être avait-il d’autres raisons. Au reste, je dois dire que nous ne lui avions donné aucun sujet de jalousie. La femme ne se retira point ; lorsque le spectacle fut terminé, elle s’approcha de nous, et nous ayant demandé quelques bagatelles, nous lui fîmes entendre que nous n’en avions point sur nous ; mais que, si elle voulait nous accompagner à notre tente, elle en rapporterait des choses qui seraient de son goût. Elle consentit à nous accompagner ; Omiah, qui s’en aperçut, la suivit ; et, la saisissant par les cheveux, il lui appliqua de vigoureux coups de poings. Nous étions la cause innocente de la colère de son mari, et sa brutalité nous indigna ; mais on nous avertit qu’Omiah était d’un rang très-distingué, et qu’il ne nous convenait pas de nous mêler de cette querelle. À la fin les naturels in-