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DES VOYAGES


toujours ce nom à notre écriture. Les jeunes femmes nous ôtèrent souvent la plume des mains, et elles nous montrèrent qu’elles savaient s’en servir aussi bien que nous : elles nous disaient en même temps que nos plumes étaient inférieures aux leurs. Elles regardent une feuille de papier chargée d’écriture comme une pièce d’étoffe peinte à notre mode, et nous eûmes des peines infinies à leur faire comprendre que nos figures tracées sur le papier ont une signification que les leurs n’ont pas.

» Leurs hameçons de pêche sont de nacre, d’os ou de bois : de petits os, ou de l’écaille de tortue, en composent la pointe et les barbes. Leur grandeur et leurs formes varient ; mais les plus communs ont à peu près deux ou trois pouces de longueur, et ils ressemblent à un petit poisson ; une touffe de plumes attachée à la tête ou à la queue tient lieu d’appât. Ceux dont ils se servent pour prendre les requins sont très-grands, car leur longueur est en général de six ou huit pouces ; leur force et leur beauté ont de quoi surprendre, quand on songe à la matière dont on les tire ; et en effet, nous avons reconnu, en les essayant, qu’ils sont fort supérieurs aux nôtres,

» Leurs lignes de pêche, les cordes avec lesquelles ils font des filets et d’autres ouvrages, ont différens degrés de finesse ; ils les tirent de l’écorce du touta, ou de l’arbre a étoffe, qu’ils tordent d’une manière égale dans tous les points, ainsi que nous tordons nos fis, et ils