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DES VOYAGES


triotes déchiraient quelquefois avec leurs dents les corps des ennemis tués au milieu des combats ; mais il m’a toujours assuré d’une manière positive que jamais ils ne les mangent : puisqu’il convenait du premier point, sa dénégation absolue sur le second est une forte preuve que l’usage ne subsiste plus réellement, puisqu’à la Nouvelle-Zélande, où il subsiste toujours, les naturels du pays l’avouèrent sans aucun scrupule.

» Les habitans des îles Sandwich diffèrent de ceux des îles des Amis en ce qu’ils laissent presque tous croître leur barbe : nous en remarquâmes un très-petit nombre, il est vrai, et notamment le roi, qui l’avait coupée, et d’autres qui ne la portaient que sur la lèvre supérieure. Ils arrangent leur chevelure d’une manière aussi variée que les autres insulaires du grand Océan ; mais ils suivent d’ailleurs une mode qui, autant que nous avons pu en juger, leur est particulière. Ils se rasent chaque côté de la tête jusqu’aux oreilles, en laissant une ligne de la largeur de la moitié de la main, qui se prolonge du haut du front jusqu’au cou : lorsque les cheveux sont épais et bouclés, cette ligne ressemble à la crête de nos anciens casques. Quelques-uns se parent d’une quantité de cheveux faux qui flottent sur leurs épaules en longues boucles ; d’autres en font une seule touffe arrondie qu’ils nouent au sommet de la tête, et qui est à peu près de la grosseur de la tête elle-même : plusieurs en