Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

jours. Ils furent enfin jetés aux environs de cette île ; les naturels du pays détachèrent tout de suite des pirogues qui les sauvèrent et les conduisirent à terre. L’un des quatre était mort, mais les autres vivaient encore ; et ils racontèrent à O-maï les détails miraculeux qu’on vient de lire. Ils vantèrent beaucoup le traitement amical qu’ils avaient reçu des naturels, et ils étaient si contens de leur sort, qu’ils refusèrent l’offre de nos messieurs, qui, à la sollicitation d’O-maï, leur proposèrent de les ramener dans leur patrie. La conformité des mœurs et du langage les avait plus que naturalisés sur cette terre ; les liaisons qu’ils y avaient formées, et qu’ils auraient eu bien de la peine à rompre après une si longue habitude, expliquent assez pourquoi ils ne voulurent pas revenir au lieu de leur naissance. Ils se trouvaient ici depuis plus de douze ans, car M. Anderson me dit qu’ils ne savaient rien de la relâche du capitaine Wallis à Taïti, en 1765, et qu’ils ignoraient d’autres événemens aussi mémorables, tels que la conquête d’Ouliétéa par les habitans de Bolabola, antérieure à l’arrivée des Européens. M. Anderson m’apprit aussi qu’ils s’appelaient Orououté, Otirreroa, et Tavi : le premier était né à Matavaï, dans l’île de Taïti ; le second à Ouliétéa, et le troisième à Houaheiné.

» Le débarquement de nos messieurs sur cette île ne remplit pas mon objet, ainsi que je le disais tout à l’heure ; mais on doit le regarder d’ailleurs comme heureux. Il nous a procuré