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canons), si gros, que plusieurs personnes peuvent s’y asseoir, et dont un seul suffit pour réduire en poudre une île entière. D’après cette description imposante, ils voulurent savoir quelle sorte de canons nous avions à bord ; O-maï leur répondit qu’ils étaient petits en comparaison de ceux dont il venait de les entretenir ; que néanmoins il ne tenait qu’à nous, de la distance où se trouvaient les vaisseaux, de détruire l’île, et de tuer chacun de ses habitans. Ils l’interrogèrent ensuite sur les moyens qui produisaient des effets aussi terribles, et il essaya de les leur expliquer. Il avait par bonheur quelques cartouches dans sa poche ; il soumit à l’inspection des insulaires les balles et la poudre, et afin de leur donner une preuve plus frappante, il imagina de les rendre témoins d’une explosion. On a déjà remarqué qu’un des chefs avait ordonné à la multitude de se former en cercle. Ce cercle fournit à O-maï un lieu propre à son expérience. Il disposa sur le terrain et au centre du cercle la quantité peu considérable de poudre qu’il tira de ses cartouches, et il y mit le feu avec un tison enflammé qu’il alla prendre dans le four où l’on apprêtait à dîner. La rapidité du feu, le bruit éclatant, la flamme et la fumée remplirent d’étonnement tous les spectateurs ; ils ne doutèrent plus de la force irrésistible de nos armes, et ils ajoutèrent une foi entière à tout ce qu’O-maï leur avait raconté.

» On crut à bord des vaisseaux que, sans