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moment où les pirogues atteignirent le rivage, les hommes sautèrent à terre ; ils se mirent en possession du terrain en arrachant les arbres et les arbrisseaux, et en dressant une partie de la charpente des huttes sans perdre une minute. Ils retournèrent ensuite à leurs pirogues ; ils débarquèrent leurs armes ; ils les posèrent contre un arbre, ou bien ils les placèrent de manière à pouvoir les saisir dans un instant. J’observai qu’aucun d’eux ne négligea cette précaution. Tandis que les hommes construisaient les cabanes, les femmes ne demeuraient pas oisives ; quelques-unes veillaient sur les pirogues, d’autres sur les provisions et le petit nombre de leurs ustensiles ; d’autres rassemblaient du bois sec pour faire du feu et préparer le dîner. Les enfans et les vieillards furent assez occupés sur ces entrefaites. Je leur jetai des grains de verroterie et toutes les bagatelles que j’avais dans mes poches ; le plus adroit les ramassait, et ce petit jeu les divertissait beaucoup.

» Ces huttes passagères les garantissent très-bien du vent et de la pluie ; c’est tout ce qu’ils veulent. Je remarquai qu’en général, et peut-être toujours, la même tribu ou famille, quelque nombreuse qu’elle soit, s’associe, et élève des cabanes communes : aussi avons-nous vu fréquemment leurs villages, ainsi que celles de leurs bourgades qui se trouvent les plus étendues, partagés en différens quartiers par des palissades de peu de hauteur et par des barrières.

» Les Zélandais qui s’établirent près de nous,