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insulaires exécutèrent ce transport avec la même adresse et les mêmes soins qu’à notre descente. Ils nous donnèrent de nouvelles preuves de leur penchant au vol : car un personnage de quelque importance, qui nous accompagnait, profita du moment où on lançait l’embarcation dans les brisans, pour voler un sac que j’avais eu bien de la peine à garder tout le jour : il renfermait un pistolet de poche, que je craignais extrêmement de perdre. J’aperçus le voleur, je poussai des cris, et je témoignai autant de déplaisir que je le pus. Le voleur crut devoir rapporter le sac à la nage ; mais il soutînt qu’il ne l’avait pas dérobé, quoique je l’eusse surpris en flagrant délit. Il nous mirent à bord de nos canots, où ils déposèrent des cocos, des bananes, et d’autres provisions, et nous prîmes la route des vaisseaux, bien contens d’être sortis de leurs mains.

» Nous regrettâmes que l’espèce de captivité où l’on venait de nous détenir nous eût laissé si peu de moyens de faire des observations sur le pays. Durant toute la journée, nous nous trouvâmes rarement à 300 pieds de l’endroit où l’on nous avait présenté aux chefs après notre débarquement, et nous ne pûmes examiner que les objets qui nous environnaient. La première chose qui nous frappa, fut la multitude des naturels ; leur nombre était au moins de deux mille : ceux qui nous reçurent sur le rivage formaient une petite troupe en comparaison de celles que nous aperçûmes parmi les