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ils promirent alors de nous donner une pirogue pour nous conduire à nos canots lorsque nous aurions mangé les alimens qu’on nous préparait.

» Le second des chefs, à qui nous avions été présentés le matin s’assit sur une large escabelle, peu élevée, d’un bois dur et noirâtre, assez bien poli : il ordonna à la multitude de former un grand cercle, et il nous fit asseoir auprès de lui. On apporta d’abord une quantité considérable de cocos, et ensuite un long panier vert, qui renfermait assez de bananes cuites pour le dîner de douze personnes. On plaça devant chacun de nous un morceau de cochon cuit au four, dont j’ai parlé, et on nous dit de manger. La fatigue de la journée nous avait ôté l’appétit ; nous goûtâmes cependant leurs mets, afin de ne pas les contrarier ; mais ce fut sans plaisir pour nous.

» La nuit approchait, et nous les avertîmes que nous devions retourner à bord de nos vaisseaux. Ils y consentirent ; ils voulurent que nous emportassions sur nos canots le reste des vivres qui avaient été apprêtés, et ils l’envoyèrent à la grève. Avant notre départ, on régala O-maï d’une boisson à laquelle il avait été accoutumé dans sa patrie. Nous observâmes qu’on fait ici cette liqueur comme sur les autres îles du grand Océan, c’est-à-dire, qu’on mâche la racine d’une sorte de poivrier, et qu’on la rejette ensuite dans un vase. Une pirogue attendait sur la grève pour nous conduire à nos canots. Les