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d’O-maï ; car jusqu’ici leur conduite envers nous n’autorisait pas un pareil soupçon.

» Nous fûmes aux arrêts la plus grande partie du jour ; nous nous trouvâmes quelquefois ensemble, ordinairement séparés, et toujours au milieu d’une foule nombreuse qui ne se contenta pas de nous regarder ; les insulaires nous firent déshabiller souvent pour examiner de plus près notre peau ; et lorsqu’ils la voyaient à leur aise, nous entendions un murmure général d’approbation. Ils eurent soin en même temps de vider nos poches : l’un d’eux prit une petite baïonnette que M. Gore portait à son côté. On parla de ce vol au chef, qui fit semblant d’envoyer un émissaire après le voleur ; mais selon toute apparence, il autorisa le larcin, car bientôt après on vola à O-maï la dague qu’il avait à sa ceinture.

» J’ignore s’ils s’aperçurent de la peine que nous causait notre détention, ou s’ils cherchèrent à nous donner des marques d’amitié afin de nous ôter l’envie de nous en aller ; mais ils apportèrent alors des rameaux verts, ils les plantèrent en terre, et ils nous dirent de nous asseoir et de les prendre dans nos mains : nous leur parlâmes encore des provisions dont nos vaisseaux avaient besoin, et ils nous firent entendre que nous devions demeurer encore quelque temps dans l’île et manger avec eux ; un cochon que nous vîmes près du four qu’ils avaient préparé dissipa la frayeur d’O-maï, et il ne crut plus que les habitans de l’île voulaient