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trèrent les guerriers armés de massues qui se poursuivaient les uns les autres : nous jugeâmes qu’ils voulaient nous donner le spectacle d’un combat simulé.

» Croyant que la cérémonie de notre présentation aux chefs était achevée, nous songeâmes à chercher M. Gore et O-maï : la foule nous pressait, et nous ne pûmes marcher qu’avec peine ; mais enfin nous les découvrîmes. Ils arrivèrent aussi fatigués que nous de la multitude dont ils étaient environnés, et ils furent présentés de la même manière aux trois chefs, qui s’appelaient Otterou, Taroa et Fatoouiera. Chacun de ces chefs comptait sur un présent, et M. Gore leur donna les choses qu’il avait apportées du vaisseau dans cette intention. O-maï, qui nous servit d’interprète, apprit aux chefs pourquoi nous étions descendus à terre ; mais on lui répondit que nous devions attendre jusqu’au lendemain, et qu’alors on nous fournirait des provisions.

» Ils parurent vouloir nous séparer, et chacun de nous fut entouré d’un cercle particulier qui nous examinait. Je fus, pour mon compte, éloigné de mes camarades durant près d’une heure. Je dis au chef près duquel j’étais assis, que je désirais parler à O-maï ; mais il s’y opposa d’une manière péremptoire. Je m’aperçus en même temps que les naturels commençaient à vider mes poches : le chef à qui je portai mes plaintes justifia les voleurs. D’après ces circonstances, je craignis qu’ils n’eussent formé le