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pieds, et surtout les doigts, qu’elles agitaient avec une extrême agilité ; elles tenaient leurs mains près du visage, et elles les frappaient de temps en temps l’une contre l’autre. Il régnait un tel accord entre les mouvemens et la musique, que nous les jugeâmes très-familiarisées avec cet exercice. Il est vraisemblable qu’on les avait choisies, car nous en aperçûmes peu d’aussi belles dans la foule qui nous entourait. En général, leur taille était plutôt forte que mince ; leurs cheveux flottaient en boucles sur le cou ; elles avaient le teint olivâtre : leurs traits, qui se ressemblaient, nous parurent un peu trop gros ; leurs yeux étaient très-noirs. Leur physionomie exprimait la douceur et la modestie qui sont particulières au sexe dans chaque partie du monde, mais qui nous frappèrent peut-être davantage sur cette île, où la nature étale ses ouvrages dans toute leur simplicité et leur perfection, où les coutumes n’altèrent point la droiture des sentimens, et où l’art ne farde point les manières. Nous remarquâmes que leur taille et chacune des parties de leur corps avaient de l’élégance. Comme elles n’étaient couvertes que d’une pièce d’étoffe lustrée, attachée autour de la ceinture, et allant à peine jusqu’aux genoux, nous eûmes occasion d’en examiner plusieurs de la façon la plus complète. Elles dansaient encore, lorsque nous entendîmes un bruit pareil à celui d’une troupe de chevaux qui galopent. En regardant du côté d’où venait le bruit, nos yeux rencon-