Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans, et vis-à-vis le rivage, rempli d’un nombre prodigieux d’insulaires ; nous en conclûmes que M. Gore était descendu : on imagine bien que je désirai avec impatience de savoir les suites de cette démarche. Afin d’observer les mouvemens de nos amis qui avaient débarqué, et d’être prêt à leur donner les secours qu’exigerait et que rendrait possible notre position respective, je m’approchai de la côte autant que le permirent les écueils ; je sentis néanmoins que le récif mettait entre nous une barrière insurmontable, et qu’il ne dépendait pas plus de nous de les protéger que s’ils eussent été éloignés de la moitié de la circonférence du globe : mais il était probable que les naturels ne connaissaient point cette impossibilité. Sur ces entrefaites, quelques-uns d’eux arrivèrent aux vaisseaux, et ils échangèrent un petit nombre de cocos ; ils acceptèrent tout ce que nous leur offrîmes, et ils ne parurent donner la préférence à aucun article en particulier.

» Ces visites des insulaires diminuèrent mes inquiétudes sur M. Gore et sa petite troupe : je ne pus en savoir des nouvelles ; mais dès que quelques-uns des naturels avaient la hardiesse de venir à bord, je supposai que leurs compatriotes n’avaient point abusé de la confiance de mon détachement. Enfin, un peu avant le coucher du soleil, j’eus la satisfaction de voir mes canots reprendre le large. Lorsqu’ils arrivèrent à bord, j’appris, que M. Gore, O-maï,