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côte bien satisfait. O-maï me dit ensuite que ce présent m’avait été envoyé par le roi, ou le chef principal de l’île.

» Une double pirogue, sur laquelle nous comptâmes douze hommes, s’avança bientôt après nous ; à mesure qu’elle s’approchait, les naturels récitaient quelques mots en chœur[1] ; l’un d’eux se levait et indiquait ce que les autres devaient répéter ensemble. Lorsqu’ils eurent achevé cette cérémonie musicale, ils accostèrent la Résolution, et demandèrent le chef du bâtiment : je me montrai ; ils m’offrirent un petit cochon et des cocos. Celui des insulaires qui me parut le principal personnage me donna en outre une pièce de natte dès qu’il fut à bord avec ses compagnons.

» On les mena dans la grand’chambre et dans les autres parties du vaisseau : quelques objets leur causèrent de la surprise, mais rien ne fixa leur attention. Ils craignirent d’approcher des chevaux et des vaches, ne pouvant concevoir la nature de ces quadrupèdes. Les moutons et les chèvres passaient les bornes de leurs idées ; car ils nous firent entendre qu’ils les prenaient pour des oiseaux. Les moutons et les chèvres

  1. Les habitans des Marquésas employèrent un cérémonial à peu près semblable lorsque Cook y aborda en 1774. (Voyez son second Voyage.) On retrouve ce cérémonial dans des îles très-éloignées de celles-ci. Padillo, qui partit de Manille en 1710, fut reçu aux îles Palaos de la même manière. L’auteur de la relation de son voyage dit : « Aussitôt qu’ils s’approchèrent de notre bord, ils se mirent à chanter. Ils réglaient la cadence en frappant des mains sur leurs cuisses. » (Lettres édifiantes et curieuses, tome XV, page 323.)