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une encâblure des brisans. La sonde y rapporta de trente à quarante brasses, et elle indiqua des rochers de corail aigu, en sorte que l’ancrage eût été encore plus périlleux que le débarquement.

» Tandis que nous étions ainsi occupés à reconnaître la côte, les naturels arrivèrent en foule sur le récif, armés comme ceux que nous avions aperçus d’abord. Maouroua, qui était sur mon canot, croyant vraisemblablement que ces guerriers nous empêchaient de débarquer, leur ordonna de se retirer ; un assez grand nombre obéirent ; et je jugeai qu’il avait une sorte de considération dans son pays : en effet, si nous le comprîmes bien, il était frère du roi. Les naturels parurent si curieux, que plusieurs se jetèrent à la mer, et arrivèrent près de nous à la nage. Ils montèrent à bord sans aucune réserve ; il fut même difficile de les en chasser, et plus difficile encore de les empêcher de prendre tout ce qui leur tomba sous la main. Lorsqu’ils s’aperçurent que nous retournions aux vaisseaux, ils s’en allèrent tous, excepté Maouroua ; il demeura dans mon canot, non sans témoigner de la crainte, et il m’accompagna à bord de la Résolution.

» Les quadrupèdes et les autres objets nouveaux pour lui qu’il y aperçut lui causèrent moins de surprise que je ne l’avais imaginé. Ses inquiétudes absorbaient peut-être toute son attention. Il est sûr qu’il sembla très-agité, et le vaisseau s’éloignant de la côte au