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que nous avions aperçus sur la côte. Nous reconnûmes qu’ils tirent leurs étoffes du mûrier à papier, de la même manière que les habitans des autres îles du grand Océan. L’étoffe de leur ceinture était lustrée ainsi qu’aux îles des Amis ; mais celle qui flottait sur leur tête avait la blancheur de celle de Taïti. Ils portaient des sandales d’une espèce d’herbe tressée en natte ; ceux qui se tenaient sur la grève en portaient également, et nous jugeâmes que c’était afin de garantir leurs pieds des pointes de rochers de corail. Leur barbe était longue ; le côté intérieur de leurs bras, depuis l’épaule jusqu’au coude, et diverses parties de leur corps étaient tatouées selon l’usage des naturels de presque toutes les îles du grand Océan. Le lobe de leurs oreilles était percé, ou plutôt fendu, et l’ouverture était si grande, que l’un d’eux y plaça un couteau et des grains de verroterie que nous lui donnâmes ; deux nacres de perles polies et une tresse de cheveux d’un tissu lâche pendaient au cou de celui-ci : c’est la seule parure que nous ayons remarquée. La pirogue sur laquelle ils arrivèrent (nous n’en vîmes point d’autre) n’avait pas plus de dix pieds de long ; elle était très-étroite et proprement faite. L’avant était, ainsi que les petits evaas de Taïti, couvert d’un bordage plat qui s’avançait en saillie, pour l’empêcher de se remplir d’eau lorsqu’elle s’enfonçait dans les flots. L’arrière s’élevait d’environ cinq pieds verticalement, comme à quelques pirogues de la Nouvelle-Zé-