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carrés. La tête de presque tous était enveloppée d’un corps blanc qui ressemblait à un turban, et quelquefois à un chapeau élevé et de forme conique : nous remarquâmes aussi que leur teint était basané, et leur taille moyenne, mais robuste, et disposée à l’embonpoint.

» Ils lancèrent une pirogue avec précipitation de l’extrémité de la grève la plus éloignée de nous ; un homme y monta et prit le large. Je jugeai qu’il voulait venir au vaisseau, et je mis en travers afin de l’attendre ; mais le courage lui manqua, et il regagna bientôt le rivage ; il prit un second insulaire, et tous les deux ramèrent de notre côté. Ils craignirent cependant d’approcher, et ils s’arrêtèrent. O-maï leur ayant parlé la langue de Taïti, leur frayeur parut se dissiper, et ils vinrent assez près de nous pour recevoir des grains de verroterie et des clous que nous attachâmes à un morceau de bois, et que nous leur jetâmes. Ils semblèrent avoir peur de toucher à notre présent, et ils ne délièrent ni les grains de verroterie ni les clous. Cette réserve fut peut-être un effet de leurs idées superstitieuses ; car O-maï me dit que, lorsqu’ils nous virent disposés à leur faire des largesses, ils demandèrent quelque chose pour leur eatoua, ou leur dieu. Il leur demanda s’ils mangeaient de la chair humaine. Ils répondirent que non avec un mélange d’indignation et d’horreur. L’un d’eux, qui se nommait Maouroua, interrogé d’où lui venait la cicatrice qu’il avait au front,