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de neuf à dix ans fait les mouvemens, les contorsions et les gestes par lesquels les Zélandais plus âgés inspirent de la terreur à leurs ennemis : il chante la chanson de guerre, et il observe très-exactement la mesure.

» Les Zélandais chantent sur des airs qui ont une sorte de mélodie les traditions de leurs aïeux, leurs batailles, leurs victoires, et même des sujets assez indifférens. Ils sont passionnés pour ce divertissement, et la plus grande partie de leur temps y est employée : ils passent aussi plusieurs heures de la journée à jouer de la flûte.

» Quoique leur prononciation soit souvent gutturale, leur langue est bien loin d’être dure ou désagréable ; et si nous pouvons établir ici une opinion d’après la mélodie de quelques-uns de leurs chants, l’idiome de la Nouvelle-Zélande a certainement une grande partie des qualités qui rendent les langues harmonieuses : il est assez étendu. On imagine bien toutefois qu’on le trouvera pauvre, si on le compare à nos langues d’Europe, qui doivent leur perfection à une longue suite de travaux. J’ai rassemblé une quantité considérable de mots durant le précédent voyage et durant celui-ci ; et comme j’ai étudié avec le même soin les idiomes des autres îles du grand Océan, il m’est démontré de la manière la plus évidente qu’ils ont une ressemblance singulière, ou plutôt que le fond en est le même. » Les relations des deux premiers voyages ont déjà fait cette remarque.