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ne craignent pas d’être punis ; et ce défaut est si contraire à la véritable bravoure, qu’on doit peut-être regarder leur ardeur à venger une injure comme l’effet d’un caractère féroce plutôt que d’un grand courage : ils paraissent aussi soupçonneux et défians. Dans leurs premières visites, ils ne venaient jamais le long du bord des vaisseaux ; ils se tenaient sur leurs pirogues, à quelque distance pour observer nos mouvemens, ou délibérer s’il était convenable de s’exposer en venant parmi nous. Ils volent tout ce qui leur tombe sous la main, s’ils ont la plus légère espérance de n’être pas découverts ; et je suis persuadé qu’ils se permettraient beaucoup de friponneries dans leur commerce, s’il croyaient pouvoir les commettre en sûreté ; car ils ne voulaient pas nous laisser examiner les choses qu’ils nous apportaient, et ils se réjouissaient lorsqu’ils croyaient nous avoir trompés.

» On doit s’attendre à quelques-uns de ces vices parmi des peuplades où il y a peu de subordination, et où par conséquent on trouve peu de lois, si même il y en existe, pour punir les délits. L’autorité d’aucun Zélandais ne paraît s’étendre au delà de sa famille ; et lorsqu’ils se réunissent afin de travailler à leur défense commune, ou dans tout autre dessein, ils choisissent pour chefs ceux qui montrent le plus de courage ou de prudence. J’ignore comment ils terminent leurs querelles particulières ; mais dans celles que j’ai vues, quoiqu’elles fus-