Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’élégance et de la force, et est de plus très-commode. Leur principal outil a la forme de nos doloirs, et il est, ainsi que le ciseau et la gouge, de cette pierre serpentine verte, ou de ce jaspe dont j’ai déjà parlé : ils ont quelques outils d’une pierre noire, polie et très-dure. Ils excellent surtout dans la sculpture, et ils en mettent sur la moindre chose. L’avant de leurs pirogues en particulier offre quelquefois des ornemens qui annoncent un bon goût de dessin, une application et une patience extraordinaires ; leurs cordages de pêche sont aussi forts et aussi bien faits que les nôtres, et leurs filets égalaient les nôtres en beauté. La fabrique de leurs outils est ce qui doit leur coûter le plus de peine, car la pierre en est extrêmement dure. Nous conjecturâmes que, pour la façonner, ils la frottent sur une autre, et que cette opération est bien longue. Une coquille, un morceau de caillou ou de jaspe leur tient lieu de couteau. Ils ne connaissent d’autre vrille qu’une dent de requin fixée à un petit morceau de bois : ils ont de petites scies ; ce sont des dents de poisson découpées en pointes saillantes, qu’ils attachent à la partie convexe d’un morceau de bois proprement sculpté. Ils nous dirent qu’ils s’en servent seulement pour découper le corps de leurs ennemis qu’ils tuent dans les batailles.

» Il n’y a pas sur le globe de peuplade plus sensible aux injures et plus disposée à la vengeance. Ils sont d’ailleurs insolens lorsqu’ils