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n’ont guère d’autres ressources pour subsister que la mer, laquelle est à la vérité très-prodigue en leur faveur.

» Comme leur corps est couvert de graisse, et que leurs habits ne sont jamais lavés, ils exhalent une odeur fétide, et leurs repas sont aussi malpropres que leurs personnes. Nous les avons vus manger la vermine, qui est assez abondance sur leur tête.

» Ils avalaient avec une avidité extrême des quantités considérables d’huile animale puante, et de la graisse de phoque que nous faisions fondre aux tentes, après l’avoir gardée depuis près de deux mois ; et à bord du vaisseau, ils ne se contentaient pas de vider les lampes, ils dévoraient encore les mèches, et la partie de ces mèches qui était enflammée. Quoique la terre Van-Diemen semble offrir peu de subsistances, ses habitans ne voulurent pas même goûter notre pain ; au lieu que les Zélandais le mangeaient avec beaucoup de voracité, lors même que nous leur en offrions des morceaux tout-à-fait moisis. On ne doit pas expliquer ces faits par la grossièreté de leur goût, car je leur ai vu flairer des choses que nous mangions, et les jeter ensuite avec un dégoût marqué.

» Ils paraissent avoir autant d’esprit d’invention et d’adresse dans leurs ouvrages que les autres peuplades qui se trouvent au même point de civilisation, car ils sont dépourvus d’outils métalliques ; leurs meubles, leurs vêtemens et leurs armes, tout ce qui sort de leurs mains a