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bord peu propres à l’usage auquel ils sont destinés. Il paraît qu’ils changent de domicile lorsque le poisson devient rare, ou lorsqu’une raison quelconque les dégoûte de l’endroit où ils sont établis. Nous vîmes en effet des habitations nouvelles dans des cantons où il n’y en avait point durant notre dernier voyage, et même celles que nous avions rencontrées alors se trouvaient déjà désertes.

» Leurs pirogues sont bien faites ; les bordages sont élevés les uns sur les autres, et attachés avec de fortes baguettes d’osier qui tiennent aussi une latte longue et étroite fixée sur les coutures en dehors, afin de prévenir les voies d’eau. Quelques-unes ont cinquante pieds de longueur, et sont si larges, qu’on peut les manœuvrer sans balancier ; mais les plus petites en ont ordinairement un. Souvent ils en réunissent deux à l’aide d’un radeau ; c’est ce que nous appellions les doubles pirogues ; elles portent de cinq à trente hommes, et quelquefois davantage. On y voit fréquemment une grosse tête assez bien sculptée et peinturée ; cette figure semble représenter un homme à qui une violente colère donne des contorsions. Les pagaies sont longues de quatre à cinq pieds, étroites, et se terminent en pointe. Lorsqu’ils rament en mesure, la pirogue marche très-vite ; la voile, qu’ils déploient rarement, est une natte de forme triangulaire, dont la partie la plus large est placée au haut du mât.

» Ils n’ont d’autre manière d’apprêter leurs