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vent avec une vigueur qu’on ne peut imaginer sans les avoir vus, et qui offrent une perspective imposante à quiconque sait admirer ces grands et magnifiques ouvrages de la nature.

» La température agréable du climat contribue sûrement beaucoup à cette force extraordinaire de la végétation. Quoique l’époque de notre relâche répondît au mois d’août de l’Europe, l’air ne fut jamais trop chaud, et le thermomètre ne monta qu’à 66 degrés. Le froid de l’hiver est aussi modéré ; car au mois de juin 1773, qui correspondait à notre mois de décembre, le mercure ne descendit pas au-dessous de 48 degrés ; les arbres conservaient alors leur verdure comme en été, et je crois qu’ils gardent leur feuillage jusqu’à ce que la sève du printemps en fasse pousser un nouveau.

» En général, on y jouit d’un beau temps ; on y éprouve quelquefois du vent et de la pluie, mais les orages et les pluies ne durent pas plus d’un jour, et il ne paraît pas qu’ils soient jamais excessifs. On n’y trouve point en effet, comme dans d’autres pays, de vestiges des torrens qui se précipitent du haut des montagnes, et les ruisseaux s’enflent peu, si l’on en juge par leur lit. J’ai relâché quatre fois dans le port de la Reine-Charlotte, et j’ai observé que les vents du sud à l’est sont ordinairement modérés et accompagnes d’un ciel nébuleux ou de pluie : ceux du sud-ouest soufflent avec force, et ils sont aussi accompagnés de pluie ; mais il est rare qu’ils aient de la durée. Les vents du