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Le Maire et Schouten[1]. La prononciation diffère souvent beaucoup, il est vrai, de celle de la Nouvelle-Zélande et de Taïti ; mais un plus grand nombre de mots sont exactement les mêmes, on si peu changés, qu’on explique d’une manière satisfaisante leur origine commune. L’idiome des îles des Amis est assez riche pour énoncer toutes les idées des insulaires ; et nous avons eu des preuves multipliées qu’il s’adapte aisément au chant ou au récitatif ; qu’il est même assez harmonieux dans la conversation. Ses élémens sont peu nombreux, si nous pouvons en juger d’après nos faibles connaissances, et quelques-unes de ses règles se trouvent conformes à celles des idiomes perfectionnés : nous y observâmes, par exemple, les différens degrés de comparaison dont se sert le latin ; mais nous n’y aperçûmes pas de variétés dans les terminaisons des noms et des verbes.

  1. Ce vocabulaire se trouve à la fin du second volume de la Collection des Voyages de Dalrymple. L’équipage de Tasman voulut employer les mots de ce vocabulaire en parlant aux naturels d’Amsterdam ou de Tongatabou, et il ne put se faire entendre. Cette remarque est digne d’attention : elle montre que pour établir l’affinité ou la différence des langues des différentes îles du grand Océan, on doit faire valoir avec réserve les argumens tirés des faits rapportés dans les journaux des navigateurs, dont la relâche a été aussi courte que celle de Tasman, et même dans ceux de la plupart des navigateurs qui l’ont suivi. Personne n’osera dire qu’un naturel de l’île des Cocos et un habitant de Tongatabou ne s’entendraient pas. Quelques-uns des mots de l’idiome de l’île de Horn, autre terre découverte par Schouten, appartiennent aussi au dialecte de Tongatabou. Voyez la Collection de Dalrymple.