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tous les insulaires, il exerce rarement cette dernière fonction. Le roi prit souvent la peine de nous informer de l’étendue du pouvoir de ce magistrat ; il nous dit, entre autres choses, que s’il devenait jamais un méchant homme, il serait tué par Finaou. Je cherchai à deviner le sens de cette expression de méchant homme, et je jugeai que, si Paoulaho ne gouvernait pas conformément aux lois ou aux coutumes, Finaou recevrait des autres chefs et du peuple en général l’ordre de mettre à mort le monarque. Il paraît clair qu’un souverain soumis à de pareilles entraves, et dont les abus d’autorité sont punis de mort, ne peut être appelé un roi despotique.

» Lorsqu’on réfléchit sur la multitude d’îles qui composent ce petit état, et sur la distance à laquelle elles se trouvent du siége du gouvernement, il semble que les sujets doivent essayer fréquemment de secouer le joug et de se rendre indépendans ; mais les naturels nous dirent que ces révoltes n’arrivent jamais. Parmi les raisons qui contribuent à une pareille tranquillité, il faut peut-être compter la résidence à Tongatabou de tous les chefs puissans. La célérité des opérations du gouvernement maintient aussi la dépendance des autres îles ; car, s’il paraissait sur quelques-unes un séditieux qui eût la faveur du peuple, Finaou, ou le magistrat chargé de la police, serait envoyé tout de suite dans le pays du factieux avec ordre de le tuer. De cette manière ils étouf-