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semble exposer à beaucoup d’inconvéniens ; mais les naturels ne sont jamais embarrassés ; une plante remplie de suc, qu’ils frottent sur leurs mains, les purifie aussi-bien que de l’eau douce. Quand leurs mains ont besoin de cette purification, ils disent qu’ils sont tabouréma. Tabou signifie en général ce qui est défendu, et réma signifie main.

» Si le tabou vient des hommages rendus aux chefs, il est aisé de le faire disparaître, comme je le disais tout à l’heure ; mais dans certaines occasions, il dure un certain temps. Nous avons vu souvent des femmes tabouréma auxquelles on mettait les morceaux dans la bouche. À la fin de l’époque fixée pour la durée de la souillure, elles se lavent dans un des bains du pays, c’est-à-dire dans des trous boueux, remplis communément d’une eau saumâtre. Elles vont ensuite trouver le roi ; et, après lui avoir rendu leurs devoirs selon le cérémonial usité, elles prennent un des pieds du prince, qu’elles appliquent sur leur poitrine, sur leurs épaules, et sur d’autres parties de leur corps. Le roi les baise aux deux épaules, et elles se retirent complètement purifiées. O-maï m’a assuré qu’elles doivent toujours venir trouver le roi pour être purifiées ; mais je n’ose le garantir : si cela est, on expliquera peut-être pourquoi il voyage presque sans cesse d’une île à une autre. Je l’ai vu deux ou trois fois purifier des femmes ; j’ai assisté aussi à une purification semblable, qu’opéra une de ses épouses ; mais O-maï n’étant