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n’est pas circoncis comme le sont ses sujets ; quand il se montre en public, tous ceux qu’il rencontre doivent s’asseoir jusqu’à ce qu’il ait passé ; on ne peut se tenir dans un endroit qui se trouve au-dessus de sa tête ; il faut, au contraire, qu’on vienne se mettre sous ses pieds. On ne peut rien imaginer de plus respectueux que le cérémonial observé envers le souverain et les autres grands personnages de ces îles. Ceux qui veulent faire leur cour s’accroupissent devant le chef ; ils posent leur tête sous la plante de ses pieds, et, après avoir touché ses pieds avec le dedans et le revers des doigts des deux mains, ils se lèvent et ils se retirent. Il paraît que le roi ne peut rebuter aucun de ceux qui viennent lui rendre cet hommage, appelé moe-moea ; car le bas peuple s’avisait souvent d’user de ce triste droit lorsque le roi marchait ; le prince était toujours contraint de s’arrêter, et de tendre un de ses pieds par-derrière, jusqu’à ce que la cérémonie fût achevée. De pareils hommages doivent incommoder beaucoup un homme aussi gros et aussi lourd que Paoulaho, et je l’ai vu quelquefois faire un détour pour éviter les insulaires qui arrivaient près de lui, ou pour gagner un endroit où il pût s’asseoir à son aise. Il y a des occasions où les mains qui ont touché les pieds du roi deviennent inutiles pour quelque temps ; car les gens du pays sont contraints de les laver avant de les approcher d’aucune espèce d’alimens. Une pareille interdiction dans une île où l’eau est peu abondante