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vilisées ne semble surpasser celle-ci dans le bon ordre qui s’observe en toute occasion, dans l’empressement avec lequel elle obéit à ses chefs, dans l’harmonie qui règne parmi toutes les classes du peuple et qui les dirige, comme si elles ne formaient qu’un seul homme conduit par des principes invariables. On est frappé surtout de cette régularité de conduite, lorsque les chefs haranguent une troupe d’insulaires, ce qui arrive souvent : l’auditoire garde le plus profond silence durant le discours ; il prête une attention qu’on ne trouve pas dans nos assemblées les plus respectables quand on y agite les questions les plus intéressantes et les plus sérieuses. Quel que fût le sujet d’un discours, nous n’avons jamais vu un seul auditeur montrer de l’ennui ou du déplaisir, ou rien qui annonçât le désir de s’opposer à la volonté de celui qui avait le droit de donner des ordres. Telle est même la force de ces lois verbales, si je puis les appeler ainsi, qu’un des chefs fut étonné de ce qu’on avait agi contre de pareils ordres dans une occasion où il me parut que le délinquant n’avait pu en être informé assez tôt pour s’y soumettre.

» Quelques-uns des chefs les plus puissans le disputent au roi en ce qui regarde l’étendue des possessions ; mais la dignité de son rang, et les marques de respect qu’il reçoit des différentes classes du peuple le mettent bien au-dessus d’eux : en vertu d’un privilége particulier de souveraineté, il n’a point le corps tatoué : il