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admirable. Lorsque le monarque s’assied chez lui, ou en dehors de sa maison, tous les gens de sa suite s’asseyent en même temps, et forment un cercle devant lui ; mais ils ne manquent jamais de laisser entre le prince et eux un espace libre que personne n’ose traverser, à moins d’affaire particulière avec lui. On ne peut non plus passer ou s’asseoir derrière lui, et même près de lui, qu’avec son ordre ou sa permission ; et comme on nous accorda souvent ce privilége, il n’est pas besoin de citer d’autres preuves du respect que nous leur inspirions. Quiconque veut parler au roi s’approche et s’assied aux pieds du prince ; il s’explique en peu de mots ; et quand il en a reçu une réponse, il va reprendre sa place dans le cercle ; mais quand le roi parle à quelqu’un, celui-ci répond de sa place et sans se lever, à moins qu’il ne reçoive un ordre : dans ce cas il quitte sa place pour aller s’asseoir aux pieds du chef, les jambes croisées. Ils sont si habitués à cette posture, que toute autre manière de s’asseoir leur est désagréable[1]. Celui qui parlerait debout au roi serait réputé aussi grossier que ceux qui, parmi nous, se tiendraient assis et le chapeau sur la tête en adressant la parole à leur supérieur placé debout et découvert.

» Aucune des nations du monde les plus ci-

  1. Cette manière de s’asseoir est particulière aux hommes : lorsque les femmes sont assises, elles ont toujours les jambes jetées un peu sur le côté.