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sacrifices humains. Leurs moraïs ou fiatoukas (on leur donne ces deux noms, et surtout le dernier) servent en même temps de cimetières et de temples, ainsi qu’aux îles de la Société, et en diverses parties du globe. Quelques-uns nous parurent destinés seulement aux sépultures ; ils étaient petits et inférieurs aux autres à tous égards.

» Nous ne pouvons parler que de la forme générale du gouvernement des îles des Amis. Il règne parmi les insulaires une subordination qui ressemble au système féodal de nos ancêtres. Au reste, j’avoue que je ne connais pas, même imparfaitement, les subdivisions de l’autorité, les parties intégrantes de l’administration, et l’enchaînement de ces parties, d’où résulte un corps politique. Quelques insulaires m’ont dit que le pouvoir du roi est illimité, et qu’il est le maître des biens et de la vie de ses sujets ; mais le petit nombre d’observations qui se sont offertes à nous sur ce point sont plus contraires que favorables à l’idée d’un gouvernement despotique. Mariouaghi, le vieux Toubaou et Finaou agissaient comme de petits souverains, et ils traversaient fréquemment les mesures du roi, dont ils excitaient les plaintes. La cour de ces deux chefs, les plus puissans du pays, était aussi brillante que celle du monarque : nous comptions après eux Finaou et le fils de Mariouaghi. Mais si les grands personnages ne sont pas soumis au pouvoir despotique du roi, nous avons vu assez souvent que