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le trépas, les âmes des chefs se séparent de leurs corps, et quelles vont dans un endroit appelé Bouloutou, où elles rencontrent le dieu Gouleho. Il paraît que ce Gouleho est la mort personnifiée ; car ils avaient coutume de nous dire : « Vous et les hommes de Fidji vous êtes aussi soumis à la puissance et à l’autorité de Gouleho. » J’observai qu’en nous associant ainsi à un peuple qu’ils redoutent, ils voulaient nous faire un compliment, et reconnaître notre supériorité. Personne n’a jamais vu le pays de Gouleho, qui est le rendez-vous général de tous les morts. Nous jugeâmes cependant qu’ils le placent à l’ouest de Fidji ; que ceux qui y arrivent une fois vivent à jamais, ou, pour me servir de leurs expressions, qu’ils ne sont plus soumis à la mort, et qu’ils y trouvent en abondance celles des productions de leur pays qu’ils aiment le mieux. Quant aux âmes des classes inférieures du peuple, elles subissent une sorte de transmigration, ou, s’il faut me servir de leur langage, elles sont mangées par un oiseau appelé loata, qui voltige autour des cimetières.

» Je crois pouvoir assurer qu’ils n’adorent aucun ouvrage de leurs mains, ou aucune partie visible de la création. Ils n’offrent pas à leurs dieux, comme les Taïtiens, des cochons, des chiens et des fruits, à moins que ce ne soit d’une manière emblématique ; car nous n’aperçûmes rien de pareil dans leurs moraïs ; mais il m’est démontré qu’ils leur offrent des