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exemple, les insulaires de Tongatabou pleurer ainsi la mort d’un chef de Vavaou, et nous fûmes témoins d’autres scènes pareilles. Il faut observer que la douleur ne se porte aux derniers excès qu’à la mort de ceux qui étaient très-liés avec les pleureurs. Quand un naturel meurt, on l’enterre, après l’avoir enseveli à la manière des Européens, dans des nattes et des étoffes. Les fiatoukas semblent être des cimetières réservés aux chefs ; mais le bas peuple n’a point de sépulture particulière. Je ne puis décrire les cérémonies funèbres qui ont lieu immédiatement après l’enterrement ; mais il y a lieu de croire qu’ils en pratiquent quelques-unes, car on nous dit que les funérailles de la femme de Mariouaghi seraient suivies de diverses cérémonies ; que ces cérémonies dureraient cinq jours, et que chacun des principaux personnages de l’île y assisterait.

» La durée et l’universalité de leur deuil annoncent qu’ils regardent la mort comme un très-grand mal : ce qu’ils font pour l’éloigner le prouve d’ailleurs. Lorsque j’abordai sur ces îles en 1773, je m’aperçus qu’il manquait aux naturels un des petits doigts de la main, et souvent tous les deux : on ne me rendit pas alors un compte satisfaisant de cette mutilation ; mais on m’apprit cette fois qu’ils se coupent les petits doigts lorsqu’ils ont une maladie grave et qu’ils se croient en danger de mourir : ils supposent que la divinité, touchée de ce sacrifice, leur rendra la santé. Ils font l’am-