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à la fois, et font claquer leurs doigts, on donne à ce petit concert le nom d’oubaï ; mais lorsqu’elles sont en plus grand nombre, elles se divisent en groupes, qui chantent sur différentes clefs, et qui produisent une musique agréable, ce qu’on appelle hiva ou hêva. Les naturels varient également les sons de leurs flûtes ; et, pour faire plusieurs parties, ils emploient des instrumens de diverses longueurs ; mais leurs danses approchent beaucoup de celles qu’ils exécutent en public. Les danses des hommes, si toutefois on peut ici faire usage de ce terme, ne consistent pas surtout dans le mouvement des pieds, comme les nôtres ; mais on y remarque mille mouvemens de la main que nous ne pratiquons pas. Chacun de ces mouvemens a une aisance et une grâce qu’il est impossible de décrire ou de faire concevoir à ceux qui ne les ont point vus. Il n’est pas besoin de rien ajouter à ce que j’ai dit sur ce point dans le récit des fêtes qu’on nous donna.

» J’ignore si la durée de leur mariage est assurée par une sorte de contrat solennel ; mais il est sûr que le gros du peuple se contente d’une femme. Les chefs néanmoins en ont ordinairement plusieurs ; au reste, il sembla à quelques-uns d’entre nous qu’une seule était regardée comme la maîtresse de la maison.

» Nous jugeâmes d’abord qu’ils ne font pas grand cas de la vertu des femmes, et nous nous attendions à voir souvent des infidélités conjugales ; mais nous étions bien loin de leur ren-