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sée de paresse. La nature a été si prodigue envers eux, qu’ils ont rarement besoin de se livrer à un grand travail ; et leur activité les empêchera toujours de tomber dans la mollesse. Leurs occupations habituelles sont en si petit nombre et de si peu de durée, qu’ils ont beaucoup de temps pour leur récréation ; l’idée d’une occupation forcée ne vient point interrompre leurs amusemens ; ils ne les quittent que lorsqu’ils en sont rassasiés.

» Les occupations des femmes n’ont rien de pénible ; elles font la plupart de leurs travaux dans l’intérieur de la maison ; elles sont chargées seules de la fabrique des étoffes.

» La seconde de leurs manufactures, qui est aussi confiée aux femmes, est celle des nattes, dont la texture et la beauté surpassent toutes les nattes que j’ai vues ailleurs. Quelques-unes en particulier sont si supérieures à celles de Taïti, que les navigateurs peuvent en porter comme articles de commerce à la métropole des îles de la Société. J’en ai distingué sept ou huit sortes qui leur servent de vêtement ou de lits ; beaucoup d’autres sont uniquement destinées à l’ornement. Ils tirent surtout ces dernières de la partie membraneuse et coriace de la tige du bananier ; les nattes qu’ils portent se font avec le pandanus, qu’ils cultivent exprès, et auquel ils ne permettent jamais de se former en tronc : les plus grossières sur lesquelles ils dorment viennent de l’ouharra. Les femmes emploient leurs momens de loisir à des