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l’industrie, la candeur, la persévérance, l’affabilité, et peut-être des vertus moins communes, que la brièveté de notre séjour ne nous a pas permis d’observer.

» Le penchant au vol, universel et très-vif dans les deux sexes et parmi les individus de tous les âges, est le seul défaut que nous leur connaissions. J’observerai toutefois que cette partie défectueuse de leur conduite semblait ne regarder que nous ; car j’ai lieu de croire qu’ils ne se volent pas entre eux plus souvent, peut-être pas aussi fréquemment qu’en d’autres pays, où les larcins de quelques personnes corrompues ne nuisent point à la réputation du corps du peuple en général. Il faut avoir beaucoup d’indulgence pour les tentations et les faiblesses de ces pauvres insulaires du grand Océan, à qui nous inspirons les désirs les plus ardens en leur montrant des objets nouveaux, dont l’utilité ou la beauté fascinent leur esprit. Le vol, parmi les nations civilisées et éclairées, annonce un caractère souillé par la bassesse, par une cupidité qui méprise les règles de la justice, par cette paresse qui produit l’extrême indigence, et qui néglige les moyens honnêtes de s’en affranchir. Mais on ne doit pas juger aussi sévèrement les vols commis par les naturels des îles des Amis et des autres terres où nous avons abordé : ils paraissent résulter d’une curiosité ou d’un désir très-pressant de posséder des choses qui étaient absolument nouvelles pour eux, et qui appartenaient à des