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de la raideur, de la mauvaise grâce et une apparence de réserve.

» L’accueil amical qu’ont reçu tous les navigateurs montre assez les dispositions pacifiques des naturels des îles des Amis. Loin d’attaquer les étrangers, ouvertement ou clandestinement, à l’exemple de la plupart des habitans de ces mers, on n’a pas à leur reprocher la plus légère marque d’inimitié ; ils ont au contraire, à l’exemple des peuples civilisés, cherché à établir des communications par des échanges, c’est-à-dire par le seul moyen qui réunit les différentes nations. Ils entendent si bien les échanges (ils les appellent fekhataou), que nous jugeâmes d’abord qu’ils avaient acquis cette connaissance en commerçant avec les îles voisines ; mais nous nous assurâmes ensuite qu’ils ne font point de trafic, ou qu’ils n’en font qu’un très-peu considérable, excepté avec Fidji, d’où ils tirent des plumes rouges et un petit nombre d’autres objets. Il n’y a peut-être pas sur le globe de peuple qui mette plus d’honnêteté et moins de défiance dans le commerce. Nous ne courions aucun risque à leur permettre d’examiner nos marchandises, et de les manier en détail, et ils comptaient également sur notre bonne foi. Si l’acheteur ou le vendeur se repentaient du marché, on se rendait réciproquement d’un commun accord et gaîment ce qu’on avait reçu. En un mot, ils semblent réunir la plupart des bonnes qualités qui font honneur à l’homme, telles que