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ces îles ne fut pas mal employé. Nous consommâmes une très-petite quantité de nos provisions de mer : les productions du pays nous suffirent à peu près, et nous y prîmes même un supplément de vivres assez considérable pour gagner Taïti, où j’étais sûr de trouver beaucoup de rafraîchissemens. Je fus bien aise d’ailleurs d’avoir une occasion d’améliorer le sort de ce bon peuple en lui laissant des animaux utiles ; j’ajouterai que les quadrupèdes destinés pour Taïti reprirent des forces dans les pâturages de Tongatabou : en un mot, nous tirâmes beaucoup d’avantages de notre séjour aux îles des Amis. Rien ne troubla nos plaisirs ; et la poursuite du grand objet de notre voyage n’en souffrit pas, car la saison de naviguer au nord était passée, comme je l’ai déjà dit, lorsque je pris la résolution de gagner ces terres.

» Outre l’utilité immédiate dont cette relâche fut pour nous et pour les babitans de l’île des Amis, les navigateurs européens qui feront la même route profiteront des connaissances que j’ai acquises sur la géographie de cette partie du grand Océan ; et les lecteurs philosophes qui aiment à étudier la nature humaine dans tous les degrés de la civilisation, et qui se plaisent à recueillir des faits exacts sur les habitudes, les usages, les arts, la religion, le gouvernement et la langue des peuples qui habitent les contrées lointaines du globe nouvellement découvertes, jugeront peut-être instructifs et amusans les détails que mon séjour m’a