Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et il vint s’établir sur mon bord. Je fis d’abord peu d’attention à cet arrangement ; j’imaginai que le Zélandais nous quitterait lorsque nous serions sur le point d’appareiller, et lorsqu’il aurait profité des largesses d’O-maï. M’apercevant enfin qu’il était bien décidé à s’embarquer avec nous, et ayant appris qu’il était fils unique d’un chef mort, que sa mère vivait encore, et que c’était une femme considérée, je craignis qu’O-maï n’eût trompé ce jeune homme et ceux qui s’intéressaient à lui, en leur laissant l’espoir ou en les assurant que nous reviendrions sur cette côte. Je leur déclarai d’une manière positive que, si Taoueiharoua suivait son dessein, il ne reverrait jamais sa patrie. Mon discours ne parut lui faire aucune impression. La veille de notre départ, Tiratoutou, mère du jeune homme, arriva à bord dans l’après-dînée, sans doute afin de recevoir de nouveaux présens d’O-maï. Elle demeura avec son fils jusqu’à la nuit. Ils se séparèrent avec toutes les démonstrations de tendresse qu’on peut attendre d’une mère et d’un fils qui se quittent pour jamais. Elle dit qu’elle ne verserait plus de larmes, et elle ne tint que trop sa parole ; car, lorsqu’elle revint le jour suivant faire à son fils ses derniers adieux, elle parut fort gaie tout le temps qu’elle demeura à bord, et elle s’en alla sans montrer aucune émotion.

» Taoueiharoua, afin de voyager d’une manière convenable à sa naissance, se proposa