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vaisseaux, et que nous avions une navigation difficile à faire, nous partîmes bien vite de Moua. Quand je pris congé de Paoulaho, il me pressa beaucoup de demeurer à terre jusqu’au lendemain ; et, pour m’y déterminer, il me dit que je verrais une cérémonie funèbre. La femme de Mariouaghi, c’est-à-dire, la belle-mère du roi, était morte depuis peu ; et, à cause du natché, son corps avait été porté dans une pirogue qui mouillait dans la lagune. Paoulaho promit de m’accompagner à Eouah, dès qu’il aurait rendu les derniers devoirs à sa belle-mère, et d’y aller après moi, si je ne l’attendais pas. Ses discours me firent comprendre que, sans la mort de cette femme, la plupart des chefs seraient venus avec moi à Eouah, où il paraît qu’ils ont tous des possessions. J’aurais volontiers attendu le roi, si la marée n’eût pas été favorable pour débouquer des passes ; d’ailleurs le vent orageux depuis plusieurs jours s’était affaibli et fixé ; en laissant échapper cette occasion, notre départ pouvait être retardé de quinze jours ; mais ce qui acheva de me déterminer, fut d’apprendre que la cérémonie funèbre durerait cinq jours ; c’était trop longtemps pour nous, qui étions mouillés dans un endroit où l’appareillage ne dépendait pas de nous. J’assurai néanmoins le roi que, si nous ne mettions pas à la voile, je viendrais le revoir le lendemain. Nous le quittâmes ainsi, et nous arrivâmes aux vaisseaux sur les huit heures du soir.