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ble, à baisser les yeux, à joindre les mains. L’assemblée entière se soumit à ce cérémonial d’un air recueilli ; enfin tout le monde fut exclu, excepté les acteurs et les insulaires d’un rang distingué : d’après ces diverses circonstances, je fus persuadé qu’ils croyaient agir sous l’inspection immédiate d’un Être suprême.

» Le natché, dont je viens de faire la description, peut être regardé comme une cérémonie purement figurative. La petite quantité d’ignames que nous vîmes le premier jour ne supposait pas une contribution générale, et on nous fit entendre que c’était une portion consacrée à l’Otoua ou à la divinité. On nous apprit que dans trois mois on célébrerait, à la même occasion, une fête encore plus solennelle et plus importante ; qu’alors on étalerait les tributs de Tongatabou, celui de Hapai, de Vavaou et de toutes les autres îles ; et qu’afin de rendre la cérémonie plus auguste, on sacrifierait des victimes humaines choisies parmi le bas-peuple : affreux exemple de l’influence que la sombre superstition et la stupide ignorance exercent sur les mœurs du peuple le plus humain et le plus bienfaisant de la terre ! Nous demandâmes la raison de ces pratiques barbares ; on se contenta de nous répondre qu’ils étaient une partie nécessaire du natché, et que la divinité exterminerait sûrement le roi, si on ne se conformait pas à l’usage.

» La nuit approchait lorsque l’assemblée se dispersa ; et comme nous étions assez loin des