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chose, ce ne pouvait être qu’allégoriquement ; excepté les poissons, tout ce qu’on avait étalé durant la cérémonie n’était qu’en figure.

» Nous nous efforçâmes en vain de découvrir l’objet de cette cérémonie en général, qui est appelée natché, et de ses différentes parties. On ne répondit guère à nos questions que tabou, mot qui s’applique à beaucoup d’autres choses, ainsi que je l’ai observé plus haut. Comme, dix jours auparavant, le roi nous avait dit que les insulaires lui apporteraient des ignames qu’il mangerait avec son fils ; comme il avait indiqué d’avance quelques détails de la fête, nous jugeâmes, sur ses propos et sur ce que nous vîmes, que le prince, en qualité d’héritier présomptif de la couronne, venait de jurer ou de promettre solennellement de ne jamais abandonner son père, et de lui fournir toujours les divers objets désignés par leurs emblèmes. Cette conjecture est d’autant plus vraisemblable, que les principaux personnages de l’île assistèrent à la cérémonie. Quoi qu’il en soit, tout se passa avec un appareil mystérieux, et le lieu et les détails de la scène prouvent assez que la religion y joua un grand rôle. Les insulaires ne s’étaient point récriés jusqu’alors contre notre vêtement ou nos manières ; ils voulurent cette fois nous obliger à nous découvrir jusqu’à la ceinture, à délier nos cheveux, à les laisser flotter sur nos épaules, à nous asseoir comme eux les jambes croisées, à prendre quelquefois la posture la plus hum-