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bâtons ou des perches, et faisant un bruit auquel on pouvait donner le nom de chant, agitant leurs mains à mesure qu’ils s’avançaient. Lorsqu’ils furent près de nous, ils remuèrent leurs jambes avec beaucoup d’agilité, de manière qu’ils eurent l’air de marcher très-vite sans faire un seul pas : trois ou quatre insulaires se levèrent du milieu de la foule ; ils tenaient à la main de gros bâtons, et ils coururent vers ceux dont je viens de parler. Les premiers jetèrent à l’instant leurs bâtons, et ils s’enfuirent. Les trois ou quatre hommes fondirent sur les bâtons, qu’ils frappèrent vigoureusement, et ils repassèrent à leur place ; mais, en s’éloignant, ils proposèrent le défi qui précède leurs combats de lutte ; des champions d’une haute taille arrivèrent bientôt du même côté en réitérant le cartel. Le côté opposé détacha presqu’au même instant des guerriers qui vinrent leur répondre. Les deux troupes paradèrent autour de la pelouse pendant quelques minutes, et se retirèrent chacune vers leur bande. Il y eut des combats de lutte et de pugilat qui durèrent une demi-heure ; deux hommes s’assirent alors devant le prince, et prononcèrent des discours que je crus adressés à Fettafaihé. La fête était terminée, et l’assemblée se dispersa.

» Je m’approchai pour voir les différens paniers ; on ne m’avait pas permis jusqu’alors de satisfaire ma curiosité, parce que, disait-on, tout était tabou. Je ne trouvai que des paniers vides, et s’ils étaient censés contenir quelque