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eût fait la même cérémonie sur tous les paniers. Les poissons attachés aux bâtons fourchus furent présentés l’un après l’autre à deux hommes qui étaient assis à gauche du hangar, et qui tenaient des rameaux verts. Le premier poisson fut déposé à leur droite, et le second à leur gauche : au moment où on leur présentait le troisième, un insulaire, fort et robuste, assis derrière les deux autres, étendit son bras et saisit le poisson ; les deux autres, le saisirent en même temps : ils parurent disputer également chacun des poissons qu’on leur offrit ; mais comme il y avait deux mains contre une, indépendamment des avantages de la position, l’insulaire qui se trouvait par-derrière n’en attrapait que des morceaux ; il ne quittait jamais prise ; il fallait toujours lui arracher le poisson de force, et il jetait derrière lui ce qu’il pouvait en garder ; les deux autres plaçaient les poissons alternativement à droite et à gauche. L’insulaire qui agissait seul s’empara enfin d’un poisson entier, sans que les deux autres s’y opposassent, et j’ignore si ce fut par hasard ou selon les règles du cérémonial. L’assemblée s’écria alors mariaï, c’est-à-dire, très-bien, ou c’est très-bien fait. Il me sembla qu’il était à la fin de son rôle, car il n’essaya point de saisir les poissons qu’on lui offrit depuis. Ces poissons, ainsi que les paniers, furent tous présentés par les personnes qui les avaient apportés ; elles se tenaient assises. On suivit dans cette présentation l’ordre et la mé-