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tière dont je faisais partie se leva brusquement, et courut s’asseoir devant le hangar qu’occupaient le prince et trois ou quatre insulaires. J’étais sous la direction de l’un des naturels qui s’empressait à me rendre service : il eut soin de me placer avantageusement, et si l’on m’avait permis de faire usage de mes yeux, je n’aurais rien perdu de tout ce qui se passait ; mais il fallut me tenir assis, les regards baissés, et prendre l’air réserve et modeste d’une jeune fille.

» La procession entra de la même manière que la veille. Les naturels marchaient deux à deux ; les divers couples portaient sur leurs épaules une perche, au milieu de laquelle était une feuille de cocotier. Ces perches furent déposées avec les cérémonies du jour précédent : la première bande fut suivie d’une seconde ; les insulaires qui composaient celle-ci apportèrent des paniers de feuilles de palmier, de la même forme que ceux dont ils se servent dans leurs ménages. Une troisième apporta différentes espèces de petits poissons, dont chacun était placé à l’extrémité d’un bâton fourchu. On plaça les paniers aux pieds d’un vieillard, qui me parut être le grand-prêtre, et qui était assis à la droite du prince en dehors du hangar ; il en prit un à sa main, tandis qu’il prononça un discours ou une prière ; il le mit ensuite à terre ; il en demanda un second, qu’il tint de la même manière, en marmottant quelques paroles, et il continua jusqu’à ce qu’il